Si la Chine n'a pas inventé la céramique, elle est bien à l'origine de la porcelaine !
Pour un chinois, la céramique n'est pas un ''art décoratif'' comme pour nous européens : c'est un art à part entière. En témoignent les résultats stratosphériques des ventes de porcelaines aux enchères publiques, qui parfois atteignent plusieurs millions d'euros pour une seule pièce.
Les toutes premières poteries produites à proximité du Huanghe émanent de la culture de Peiligang, au sixième millénaire avant notre ère. Les pièces étaient montées au colombin, avec de l'argile siliceuse cuite à 900° C.
Certains chercheurs considèrent que lers premières ''proto-porcelaines'' chinoises apparaîssent au IIième millénaire av. J.-C. , sous la dynastie des Shang (vers 1550-vers 1050 av. J.-C.). On les appelle aussi parfois ''grès porcelaineux'', car la différence entre le grès et la future porcelaine n'est pas encore très net. Il s'agit de céramiques cuites à très haute température, soit 1350° C. Cette cuisson abouti à la vitrification de la matière, qui lui donne une totale imperméabilité, et une dureté que même l'acier ne raye pas.
On considère finalement que les véritables porcelaines chinoises apparaissent sous la dynastie des Tang (618-907), entre le IXième et le Xième siècle. Tout du moins, selon les critères occidentaux de définition de la porcelaine, car les chinois ne retiennent pas les mêmes.
En 1298, Marco Polo, de retour de voyage en Chine, est le premier à employer le terme ''porcelaine''. Il en admire la blancheur, la dureté, l' imperméabilité et l'éclat, mais ne sait absolument pas comment elle est fabriquée ! En effet, il s'agit d'un secret jalousement gardé par les chinois, qui en font un commerce intense avec le reste du monde.
Les fameux ''bleu et blanc'', qui feront de la Chine l'exportateur incontesté de céramique dans le monde, apparaissent durant la dynastie des Yuan (1271-1368), probablement vers 1320-1325. D'abord réservés au monde musulman afin de copier leur récipients en métal, ils inonderont ensuite l'Europe, à partir du XIVième siècle; celle-ci en tombera éperdument amoureuse. Le bleu de cobalt, appliqué sous la couverte translucide, est alors importé de Perse. Le bleu de cobalt n'autorise aucun repentir, car il est directement appliqué sur la pâte !
La couleur jaune, elle, sera réservée à l'usage exclusif de la cour impériale, sous peine de mort (sous le règne de l'empereur Hongzhi des Ming (1488-1505).
En Europe, toutes les tentatives désespérées d'imiter le blanc pur de la porcelaine chinoise, en utilisant les matériaux les plus variés (coquille d'oeuf, os broyés, etc.) se solderont par un échec. Ce n'est que sous l'impulsion d'Auguste le Fort, électeur de Saxe, que le secret de fabrication de la porcelaine sera percé au XVIIIième siècle. La France, grâce à la découverte d'un gisement de kaolin à Saint Yriex près de Limoges en 1768, lui emboîtera le pas. Certaines grandes fortunes d'Europe se seront quasiment ruinées pour acquérir la fameuse porcelaine chinoise !
Aujourd'hui, la Chine continue de produire de la porcelaine en énormes quantités, pour son propre marché comme pour l'exportation.
L'influence de la porcelaine chinoise aura donc été considérable, tant en Europe qu'en Asie. Tous les pays asiatiques copieront ou s'inspireront des porcelaines chinoises. Les japonais l'apprécieront au plus haut point, et la mettront au service de l'art du thé (chanoyu).
Les porcelaines chinoises anciennes figureront au rang des productions artistiques parmi les plus convoitées, et susciteront l'appétit de milliers de collectionneurs, parfois prestigieux et passionnés à-travers le monde entier.
Malheureusement, et comme pour d'autres domaines comme la peinture, la formation d'un artisan chinois de céramique passe par la copie des maîtres du passé ... et il est le plus souvent très difficile de faire la part des choses. C'est alors le rôle de l'expert, d'autant que les copies ne sont pas forcément récentes : au XIXième siècle, on copiait des porcelaines du XVIIIième siècle de l'empereur Qianlong, ou des vases Ming du XVième siècle. L'empereur Chenghua (1465-1487) de la dynastie Ming commanda des reproductions de la dynastie des Song (960-1279). Etc ...
La soif de posséder des pièces du passé, toujours considéré comme glorieux à-travers l'histoire chinoise, poussa les artisans à fabriquer des répliques à destination des collectionneurs.
Aujourd'hui, les fours de la ville de Jingdhezhen dans la province du Jiangxi produisent des copies en quantités industrielles, qui inondent le monde entier. Elles sont pour certaines, d'une qualité de reproduction exceptionnelle.
A ce propos, les fameuses marques impériales ou ''nian hao'', qui sont des marques à quatre ou six caractères, disposées le plus souvent en deux colonnes, et situées sous la base. On peut considérer qu'elles sont fausses ... dans 99% des cas ! Là encore, seul un oeil d'expert peut faire la différence. Car une vraie marque impériale est un bonus hors pair pour la valorisation de l'objet.
On doit alors utiliser un grand nombre d'indices pour déterminer si la porcelaine est fausse ou non.